Définir une valeur relève bien souvent d’un jugement subjectif.
Certains objets ont une valeur artistique ou esthétique parce qu’ils procurent des émotions. La nature a de la valeur, car elle nous émerveille, les connaissances aussi parce qu’elles nous permettent de comprendre le monde dans lequel nous vivons. Les croyants accordent de la valeur à certaines choses, actions ou personnes qu’ils considèrent comme « sacrées » ou « saintes ».

Dans nos sociétés sévit actuellement ce qu’on appelle « la loi du marché ». Cette doctrine est basée sur l’idée que tout bien a une valeur qui peut être mesurée en argent. Une tonne de blé, une heure de plaisir, un cœur de rechange, peuvent être tarifés. Chacun peut les acheter à condition de posséder l’argent pour les acquérir. Cet argent est donc devenu le bien suprême puisqu’il permet de tout obtenir. Certains individus, entreprises ou états n’ont comme objectif que d’en gagner toujours plus.

Cette loi du marché s’accompagne d’une autre loi, celle de la sélection naturelle. Ce sont les plus forts qui gagnent, les autres étant éliminés, exclus. Les gagnants se donnent de surcroît le droit de détruire les richesses non renouvelables de la planète qui sont le bien de tous.

Soulignons pourtant qu’aucune valeur n’est négative en soi. Par exemple, des valeurs comme l’ordre, la compétitivité, la réussite… ne sont ni négatives ni positives. Ce qui compte ce n’est pas le fait de privilégier une valeur, mais les raisons pour lesquelles on la trouve importante dans une situation donnée.

Les enfants pensent plus spontanément en termes de «qualités» ou de «défauts », trouvant tel personnage plus estimable parce qu’il est «gentil». Or l’occasion qu’on leur donne ici de penser en termes de valeurs, cela va leur permettre de moduler leurs jugements. Ils pourront ainsi juger plus estimable l’agneau (qui livre sans pitié les siens aux loups) au nom de la valeur de l’amitié.

L’enseignant n’a aucun choix de valeur à défendre, il est neutre et assure qu’il n’y a pas de bonne réponse. En revanche, il exige des arguments. Face à l’avis : J’ai choisi ce personnage parce qu’il est plus sympathique, il titille : Pourquoi ici cette valeur d’amitié te semble plus importante ici que la fidélité aux siens ? Est-ce toujours le cas ?
La démarche de la clarification des valeurs, provoque la discussion sur des dilemmes moraux 1 .

Et dans le contexte européen, quelles sont les valeurs privilégiées ?
Pour tenter de répondre à cette question, peut-être est-il intéressant de se pencher sur le quotidien des enfants. Qu’est-ce qui dans leur vie est important et par rapport à quoi ? Qu’est-ce qui a de la valeur ou pas et pourquoi ?