Le respect est assurément un des mots pour lesquels on manque totalement de…respect !
À force de considérer le respect et de l’invoquer, il ne signifie plus rien. Invoquer à tout bout de champ un nom finit par le priver de son sens et de sa force.
Ainsi, le respect exprime de la considération, une considération qui se manifeste par une attitude déférente envers la personne ou l’objet respecté. Le respect implique une distance respectueuse dit-on, que l’on ne doit pas réduire, ce serait transgresser, ce serait manquer de respect. On ne tape pas sur l’épaule du juge, on ne tutoie pas un étranger, on ne hèle pas le président de la République, et on ne pointe pas du doigt une personne.
Autant de formes de contact soit inadéquates soit recommandées, au demeurant très conventionnelles, qui varient selon les époques et les lieux. Autant de règles qui répriment le geste instinctif, aussi amical et sincère soit-il. Mais il est vrai que la familiarité se mérite. « Nous n’avons pas gardé les cochons ensemble ». Le respect qu’on manifeste à un supérieur ou à un enseignant ne s’exprime pas de la même manière que celui qu’on éprouve pour un membre de sa famille ou pour ses amis. Respecter, c’est aussi obéir. Obéir aux règles, obéir aux lois, obéir aux desiderata ou principes d’une quelconque institution. Respecter, c’est donc accepter cela, quitte à contester ou simplement refuser de se conformer. Mais est-ce ne pas respecter que
de refuser de se conformer ?
Le respect a aussi des aspects sensibles et problématiques. Les élèves n’y seront sans doute pas emmenés mais l’enseignant peut y réfléchir de son côté pour mieux entendre leurs réflexions.
Du côté de l’irrespect, heureusement, plus de duels pour « offense » ou « déshonneur ».
Mais le mot respect reste chargé de ce sens quand s’y mêle l’orgueil et surtout le sentiment d’humiliation. Cela s’exprime quand le mot « Respect ! » vient marquer l’admiration. Et quand on dénonce le « manque de respect » pour exprimer un besoin de considération et de reconnaissance ou affirmer un interdit. Le ressenti d’humiliation devenant plus problématique quand ce manque de respect porterait sur une appartenance. En termes de loi, des balises sont prévues : contre l’injure, la calomnie, l’outrage…
En termes de vivre-ensemble, cela demande questionnement et discussion. Comment concilier le respect avec la liberté d’expression ? L’humour peut-il avoir une place ? Peut-on rire de tout sans manquer de respect ? En classe, une définition du mot polysémique « respect » peut être construite et structurée. Les formulations devraient être celles des élèves, à leur niveau, structurées avec l’enseignant, au fil des propositions.